Insécurité à Dakar Les scootéristes sont-ils accusés gratuitement ?

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Une nouvelle forme d’insécurité est apparue à  Dakar. C’est le vol à l’arraché qui est opéré par des individus conduisant des scooters. Malgré les dispositifs mis en place par la police, ce phénomène persiste.

«J’ai été agressé par deux gars à bord d’un scooter noir. Ils ont surgi derrière moi à toute vitesse et ont arraché mon sac à main qui contenait mon ordinateur et une partie de mes cours », témoigne Maty Diawara étudiante en 2ème année à l’Université virtuelle du Sénégal.

Un peu partout à Dakar les témoignages sont quasi identiques.

«Ils sont de plus en plus nombreux, audacieux et dangereux. Ils ont décidé de gagner leur vie à la sueur du front des autres », explique Ousseynou Thior, une victime rencontrée à la Gendarmerie de la Foire, venue s’informer de l’avancement de sa plainte qu’elle avait déposée contre X.

Pour certains scootéristes, le lien entre le vol à l’arraché et le scooteur existe mais tous les conducteurs de ces engins ne sont pas des agresseurs.

Interpellé sur le sujet, Oumar qui est scootériste, est convaincu qu’il ne fait pas peur aux gens.

« Je ne suis pas de ceux qui prennent leur moto pour agresser des personnes en arrachant leurs bagages», nous confie Oumar qui repart en toute vitesse. Avant de partir il a eu le temps de nous dire que « personne ne doit avoir peur des scootéristes » tout en conseillant la vigilance face « à ces conducteurs de deux-roues parce qu’il y a certains parmi eux qui sont mal intentionnés».

Trouvé assis sur son scooter face à la VDN, un des grands axes de Dakar, à quelques mètres de l’établissement où il étudie, Aliou Ba nous explique le mécanisme de vol à l’arraché.

« D’abord, le conducteur distrait la victime. Ensuite les autres passent derrière et arrachent son sac », précise M. Bâ, étudiant au Centre de formation professionnelle et technique Sénégal-Japon (CFPT).

Toutefois affirme-t-il, « parmi les conducteurs de scooter beaucoup sont des gens respectueux et respectables ».

« On nous accuse gratuitement, les scootéristes sont quasiment tous vus comme des voleurs à l’arraché mais tel n’est pas le cas. Les piétons doivent être attentifs », renchérit Souleymane Faye électricien, scootériste.

« L’agression à bord de scooters devient une tendance et nos services commence à se familiariser à cette nouvelle pratique », confie le sous-officier Vieux Ansoumana Badji trouvé à la Gendarmerie de la Foire.

Beaucoup d’agresseurs utilisent des scooters non immatriculés, selon le gendarme.

D’après le sous-officier chargé de recevoir les plaintes, une trentaine de cas semblables ont déjà été enregistrés, rien que dans leur service depuis le début de l’année. Il précise que « sans numéro d’immatriculation du scooter, on est peu optimiste quant aux chances de succès de l’enquête ».

En 2014,  23.500 motos ont été importées,  selon les chiffres fournis par le  Colonel Gamby Diop cité par la Radio Télévision sénégalaise (RTS, média public).

Selon la même source, le nombre de motos importées a doublé en deux ans en passant à plus de 40.700 en 2016.

A ce jour 37.000  motos ont été immatriculées  au niveau national dont 26.000 à Dakar, selon Mamadou Kane Diao Chef de division planification de la Direction des Transports routiers.

Pour éradiquer ce phénomène qui empêche la population de circuler sans avoir peur, des policiers sont déployés à Dakar.

Rond point Liberté 6, il est aux alentours de 17h30. La circulation est dense.  Entre les véhicules se faufilent les engins à deux roues. Au niveau du trottoir, un policier en faction.

Interrogé, il nous explique que la police a mis en place un « dispositif (…) pour venir à bout de ce phénomène», raconte l’agent de la police sifflet à la main.

« Des policiers sont placés au niveau des rues pour surveiller et contrôler surtout les pièces d’identité et autres papiers», ajoute l’agent.  Et il conclut : « nous ne pouvons pas être irréprochable mais nous essayons  de mettre fin à ce fléau».

Alhousseyni Sané