Le cinéma contre le terrorisme (Entretien avec Ousmane Barro)

Le cinéma peut apporter sa contribution à la lutte contre le terrorisme, selon Ousmane Barro diplômé en sciences politiques et chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint Louis (Sénégal). Il répondait aux questions des étudiants d’Ejicom à l’issue d’un panel dans le cadre du Festival Ciné Droit Libre qui s’est tenu à Dakar du 21 au 24 septembre 2016.

 

Ejicom infos – Le Cinéma peut-il constituer une thérapie face au radicalisme violent ?

Ousmane Barro – Le cinéma en tant qu’expression libre peut bel et bien apporter sa contribution, si on intègre la dimension de la paix, d’autant plus que la principale arme du cinéma est l’image. Dans le cinéma, les sujets sont beaucoup plus travaillés et l’expertise des acteurs peut souvent aider à mieux faire passer le message. Je pense qu’on gagnerait à faire revenir le cinéma dans ce pays, dans des lieux comme les universités, les écoles. Non seulement pour regarder des films, mais pour débattre car c’est le plus important.

Ejicom infos – Le cinéma peut-il être considéré comme une alternative face à l’inefficacité des réponses politiques et militaires ?

Ousmane Barro – Le cinéma fait partie de la solution si on le met dans le cadre plus global de l’information ou de la sensibilisation. En ce qui concerne les politiques, dans leur quasi-totalité, ils pensent plutôt aux prochaines élections qu’à la prochaine génération. Autrement dit l’éducation du peuple est le moindre de leurs soucis mais comment rester au pouvoir ou gagner le prochain scrutin.

Maintenant c’est aux acteurs sociaux de développer des moyens de communication comme le cinéma pour conscientiser la masse sur les enjeux actuels.

Le Dr Bakary Sambe (Ndlr Chercheur spécialisé sur les questions liées au terrorisme) a parlé de la relation entre l’ignorance, l’injustice et le terrorisme. Dans les travaux, rares sont les chercheurs qui établissent ce lien. Comment expliquez-vous cela ?

Je pense qu’il faut intégrer les deux dimensions dans la réponse qu’on doit donner. Autant il faut condamner l’injustice des institutions politiques qui favorise la corruption, la gabegie, etc., autant (il faut condamner) les théoriciens de l’extrémisme religieux.

Après le 11 septembre qui est le point de départ, les autorités américaines ont décidé de s’attaquer à l’Irak et ont déstabilisé toute la région. Et dans un moment de colère des gens se sont révoltés face à cette injustice pour se venger et dès fois se sacrifier pour une cause qu’ils considèrent comme noble.

Dans l’autre versant on trouve des entrepreneurs moraux, des théologiens… qui profitent de l’ignorance de ces gens pour manipuler certains versets du Coran ou des hadiths du prophète pour expliquer et légitimer leurs actes.

Toutefois, avec des initiatives comme le « Ciné Droit Libre » qui donnent la parole à ceux qui n’en ont toujours pas et ouvrent les échanges on peut remédier à ce fléau.

Propos recueillis par Abdou Cissé et Aliou Faye (L2)