POLYGAMIE : entre nécessité, contraintes et vantardise

La religion musulmane et certaines sociétés africaines pratiquent la polygamie. Dans un pays comme le Sénégal, où environ 95 % de la population est musulmane, cette pratique se vit encore malgré les controverses.

La polygamie, un sujet de débat. Certains lui trouvent des avantages. D’autres par contre, la critiquent car pour eux, elle regorge d’épreuves très dures.

Parmi ceux qui lui trouvent des avantages, Mamadou Mbaye. Ce technicien supérieur en génie civil et jeune marié a grandi dans une famille polygame. La vision de M. Mbaye sur le sujet est basée sur la religion.

« C’est une bonne chose car recommandé par le prophète et je ne crois pas que si c’était mal, il nous l’aurait conseillé », explique-t-il. Et il poursuit : « en plus de cela, c’est aussi une nécessité car c’est le moyen nécessaire qu’il faut pour aider les femmes à avoir des époux, vu qu’elles sont plus nombreuses ».

Selon les chiffres de l’ANSD, la population totale des femmes s’élève à 7 896 040 et celle des hommes à 7 829 997.

Comme M. Mbaye, Mme Oulimata Kadam Sy, jeune mariée et seconde épouse, pense que « la polygamie est une bonne chose » parce qu’elle vit dans un mariage polygame sans difficultés.

Tout en disant qu’elle n’y trouve pas d’inconvénients, Mme Sy déplore quand même la cohabitation difficile entre coépouses.

Elle déplore « le comportement méchant de certaines coépouses qui serait peut-être ce qu’on peut trouver de négatif dans la polygamie ».

Elle raconte ce qu’elle a vécu au tout début de son ménage : « ma coépouse n’était pas du tout d’accord avec mon mariage et elle a tout tenté pour me mettre en mal avec mon mari. Ses amies et ses tantes m’appelaient pour m’insulter jusqu’à ce que mon mari les prennent sur le fait », révèle-t-elle.

Mais la polygamie n’est pas bien perçue par tous.

Maraboutage ou querelles, on peut y vivre l’enfer. Aida Sané, une dame, la cinquantaine, qui fut polygame, expose les côtés sombres de la pratique.

Ayant été une fois seconde épouse, elle fut victime de sa naïveté qui la conduira à sa perte. Ce qu’elle a retenu de ce mariage reste une affaire de maraboutage de la part de sa coépouse.

« Ma coépouse me menaçait ouvertement de me séparer de notre mari. Elle disait qu’il m’aimait beaucoup plus. Elle a mis ses menaces à exécution et finalement on s’est séparé mon mari et moi », confie-t-elle.

   La responsabilité des femmes

Les femmes sont parfois responsables du choix des hommes à être polygames.

« Certains hommes sont polygames parce que leurs femmes ne sont ni astucieuses, ni capables de bien s’occuper d’eux », affirme Oulimata Kadam Sy.

C’est le cas de Mansour Seck, homme politique sénégalais : « J’ai épousé une seconde femme car la première ne s’investissait pas trop dans la gestion et l’entretien de la maison. D’ailleurs, à chaque fois que je recevais des collègues, j’avais honte du désordre et de la saleté qui s’y trouvaient».

Pour Mamadou Mbaye, prendre une seconde épouse « c’est pour éviter de commettre l’adultère et avoir une certaine stabilité car les choses vont mieux en polygamie ».

« Il y a des hommes qui sont insatiables et rien de ce qu’une femme peut leur donner ne leur suffit. Ils en veulent toujours plus », rétorque  Mme Sy.

Mansour Seck confirme : « il m’est arrivé de voir quelques-uns de mes amis entrer dans la polygamie juste parce qu’ils ont vu d’autres s’en vanter ».

Rokhya Adjoua Bassene (L2)