Les secrets d’une cohabitation sénégalo-mauritanienne

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   La cour des orfèvres de la Médina                                       

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L’orfèvrerie est la fabrication, la transformation ou la restauration d’objets divers faits de métaux précieux, liés au culte, à l’usage domestique, à l’ameublement ou à l’art de la table. Au Sénégal, la cour des orfèvres de la Médina ou « ex cour des maures » est la première maison d’art créée qui regroupe des orfèvres mauritaniens et sénégalais. Elle est située sur l’avenue Blaise Diagne, à quelques mètres  du marché Sandaga.  Son histoire reste peu connue des Sénégalais.

 A l’entrée de ce lieu, on peut lire sur une plaque accrochée au mur  « La cour des orfèvres de Médina, ex cour des Maures ». Ce site semi circulaire abrite des cantines nichées les unes sur les autres avec une architecture vieille qui témoigne de son ancienneté. 

Cette cour, appelée  « la cour des Maures » à l’époque, accueillait des orfèvres mauritaniens qui travaillaient avec les Sénégalais. Beaucoup de Maures ont quitté ce lieu à la suite du conflit sénégalo-mauritanien de 1989.

Les maures étaient spécialisés dans la fabrication  de statuettes et des ornements”, explique KalidouThiam, un bijoutier trouvé sur les lieux. 

Ce bijoutier, la soixantaine révolue, dit être né dans cette cour et qu’il  a hérité ce métier de son père. “Cette cour est la première au Sénégal, elle date de l’époque coloniale “, soutient-il.

Enclavée de par sa position, la  cour peine à se faire distinguer. Ici, on ne voit ni l’ombre d’un client, encore moins celle d’un touriste.

A quelques mètres de là, se trouve une boutique pleine d’objets d’arts étalés à même le sol. Son propriétaire Demba Koita, antiquaire sénégalais, dit que  l’absence des visiteurs est liée “aux émeutes du 23 juin 2011 contre le ticket présidentiel d’ Abdoulaye Wade “. “Depuis lors, les affaires ne marchent plus”, informe-t-il.

Il affirme par ailleurs que ces  œuvres viennent de  la sous-région et sa clientèle est composée de touristes mais aussi de “modous-modous” (immigrés sénégalais) qui achètent des collections pour les revendre en Europe.

«Depuis deux ans nos chiffres d’affaires ont chuté», renchérit Seydou Tounkara, un de ses fournisseurs maliens. Ce denier vend « des tabourets, des chaises, masques de l’ethnie Bambara, Dogon, Sarakholé».

En face d’eux, se trouve la  boutique de Youssouf  Cissé, un Nigérien  vendeur de perles,  exerçant dans la Cour des Orfèvres depuis dix ans. Il vend des colliers venant de la sous-région et même de l’Inde. Il souligne qu’avec la saison morte, les affaires sont au ralenti.

Aujourd’hui l’orfèvrerie  un métier réservé au Sénégal en générale à la caste des ‘Teugu’ (bijoutier en Wolof) tend à disparaitre du fait de l’importation massive  de produits manufacturés.

Djibril M. Bassène