La région de Dakar produit-elle 1500 tonnes de déchets solides par jour ?

Par Princesse Lorita Simbou Kombila

La région de Dakar produit 1 500 tonnes de déchets solides par jour dont 78% de composants plastiques, a déclaré le ministre sénégalais de l’Environnement. Vérification faite, cette affirmation est inexacte.

Lors de la 46e journée mondiale de l’Environnement, le 5 juin 2018 à Tivaoune (ville située à l’Ouest du Sénégal), le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mame Thierno Dieng a affirmé que « pour la seule région de Dakar, l’estimation du potentiel des déchets plastiques sur la base d’une quantité de production journalière de 1 500 tonnes de déchets solides urbains, nous donne un tonnage de 99 700 tonnes par an, dont les emballages plastiques représentent 78% […] ».

Des media, dont Dakaractu et Le Quotidien, ont rapporté cette information. Mais est-elle exacte ?

Quelles sont les sources du ministre ?  

Nous nous sommes rendus, à plusieurs reprises, au ministère de l’Environnement et du Développement durable pour être éclairés sur la source des chiffres avancés par le ministre.

La conseillère juridique de la Direction de l’Environnement et des Etablissements classés (DEEC), Diop Khady Dramé et le chargé de communication de la DEEC, Baye Salla Mar nous ont renvoyé vers l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG) pour avoir des chiffres sur la quantité de tonnage de déchets solides de la région de Dakar. Ils nous ont clairement fait comprendre que la DEEC ne s’occupe pas de la collecte des déchets et qu’ils ne savent pas d’où le ministre tient ces chiffres annoncés à Tivaoune.

Que dit  l’UCG ?

Les chiffres fournis par l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides ne sont pas les mêmes que ceux fournis par le ministre de l’Environnement. Le ministre affirme qu’il y a « une production journalière de 1 500 tonnes de déchets solides urbains par jour avec un tonnage de 99 700 tonnes par an » et que  « les emballages plastiques représentent 78% ». Or, le Directeur général de l’UCG, Ibrahima Diagne, déclare que  2 500 tonnes de déchets solides urbains sont produits par jour à Dakar. L’UCG reste la composante auprès de laquelle les chercheurs et les media peuvent avoir des statistiques sur les déchets solides.

La quantité de tonnage du plastique

Selon l’UCG, en saison humide le plastique représente 12,97 % du tonnage des déchets solides. En saison sèche, il représente 9,11 %.  Ce qui donne un pourcentage total de 22,08%  de déchets plastiques sur les 2 500 tonnes de déchets solides ramassés par jour par l’UCG. Ce qui est très éloigné des 78% de déchets plastiques annoncés par le ministre de l’Environnement.

Résultats de la campagne de caractérisation des ordures ménagères (OM) et assimilées en saison humide (SH) à Dakar. Source : UCG / rapport annuel de 2017

 

Résultats de la campagne de caractérisation des ordures ménagères (OM) et assimilées en saison sèche (SS) à Dakar. Source : UCG / rapport annuel de 2017

Nous nous sommes rendus à l’Institut africain de la gestion urbaine (IAGU) pour interroger un spécialiste des questions d’environnement sur la différence des chiffres avancés sur la quantité de tonnage de déchets.

Selon Moussa Ba, chargé de projet en gestion de déchets à IAGU, « les différents chiffres sur la quantité de tonnage de déchets sont dus au fait que nous n’avons pas un système fiable de la collecte de déchets au niveau de Mbeubeuss. Chacun mène son enquête sur le terrain et produit ses chiffres. Mais, nous pouvons nous référer seulement aux chiffres fournis par l’UCG parce que c’est l’organe qui gère au plan opérationnel un système de ramassage des ordures à Dakar. C’est l’organe officiel établit par l’Etat ».

Que retenir ? De faux chiffres 

Lors de la 46e journée mondiale de l’environnement, le 5 juin 2018 à Tivaoune (ville située à l’Ouest du Sénégal), le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mame Thierno Dieng affirme : « Pour la seule région de Dakar, l’estimation du potentiel des déchets plastiques sur la base d’une quantité de production journalière de 1 500 tonnes de déchets solides urbains, nous donne un tonnage de 99 700 tonnes par an, dont les emballages plastiques représentent 78% […]. »

Des chiffres inexacts comparés à ceux fournis par l’UCG qui donne non seulement un tonnage différent mais aussi un pourcentage de déchets plastiques beaucoup moins élevé. D’autre part, le ministère de l’Environnement n’a pas été en mesure de produire un document ayant valeur de source des propos du ministre.