Interview : « la parité femmes/hommes est loin d’être atteinte dans les médias »

Diana Senghor au lancement du projet de l’Union Européenne sur la gouvernance foncière/ Capture d’écran

Diana SENGHOR est une grande militante pour le changement dans les médias et de la lutte pour la parité hommes/femmes dans les médias.

En tant que Directrice générale de l’Institut Panos Afrique de l’Ouest, elle a animé la première conférence publique de l’Observatoire Femmes et médias.

A l’issue de cette conférence, qui avait pour thème « La parité et après : représentation et/ou participation politique des femmes dans la vie et dans les médias », elle nous parle dans cet entretien du projet « Femmes, occupez les médias ».

 ejicom info –Diana Senghor  qui sont les initiateurs du projet « Femmes, occupez les médias » ?

Diana Senghor –Le projet « Femmes, occupez les médias » est mené par l’Institut Panos Afrique de L’Ouest dans 4 pays de la sous-région, notamment, le Mali, le Sénégal, le Niger et la Côte-d’Ivoire.

Pourquoi avoir décidé de lancer ce projet ?                        

L’objectif est qu’au bout de 5 années de sa mise en œuvre, au Sénégal, au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire, les professionnels des médias et des organisations de sociétés civiles de femmes contribuent à promouvoir la participation politique et la prise de décision par les femmes, mais aussi à lutter contre les violences faites aux femmes et pour le respect des droits des femmes. C’est pourquoi cela s’appelle « Femmes, occupez les médias ».

 

Ce projet vise-t-il uniquement les femmes ?

Vous savez on ne peut pas séparer les hommes des femmes.Toutefois, c’est en faveur des femmes de préférence. Je pense que dans les médias on travaille avec les journalistes femmes mais pas exclusivementavec elles. Donc, le projet vise clairement le développement des droits des femmes mais, maintenant comment on arrive à promouvoir ces droits, il faut des alliances qui sont au-delà du genre, des alliances avec des organisations qui représentent les droits des femmes et qui ne sont pas nécessairement des organisations des femmes.

Par qui est financé ce projet qui s’étend sur une durée de 5 ans ?

Le projet est financé par le Ministère des Affaires étrangère des Pays-Bas. Il a été remporté à la suite d’un appel à proposition international lancé dans le cadre de Flow 2 (Funding Leadersship and Opportinities for Women).

Pourquoi avoir choisi que les médias mainstream au Sénégal pour ce projet ?

Il n’y a pas que les médias mainstream qui se sont intéressés à ce projet. D’abord il y a les médias sociaux, beaucoup de choses sont faites en ce moment. Il y a un blog avec des articles multimédias qui sont produits à tour de rôle par les organisations mais effectivement on a appuyé une sélection des journalistes des médias mainstream, essentiellement la presse écrite. Les radios communautaires on y vient. On a prévu de commencer avec les radios communautaires étape par étape  à partir de l’année prochaine.

Selon vous la parité existe-il dans les médias sénégalais ?

Ah vraiment pas. Cela n’existe à aucun niveau ni dans les contenus, ni dans le rôle des femmes professionnels dans les médias. Vous regardez un journal, vous voyez en terme de contenus 10% maximum 20%, 25% où on parle des femmes.Si on regarde l’iconographie c’est encore pire. Les journaux d’aujourd’hui c’est entre 0,5 et 1%. C’est aux femmes d’en venir à la parité en terme de contenus. La parité est-ce qu’elle existe dans les institutions médiatiques, d’avantage combien de médias, d’entreprise de presse au Sénégal, ont des rédactrices en chefs ? Les femmes occupent des positions qui ne sont pas des positions clés dans les entreprises de presse, donc on est très loin de la parité et le drame c’est quoi ? Le drame c’est que pour les contenus on ne se rend même pas compte, on est tellement habitué à lire les médias tels qu’ils sont, qu’on ne se rend pas compte du déséquilibre et c’est très grave parce qu’on cautionne par notre passivité ces déséquilibres. Mais aussi, d’un côté on élimine les droits des femmes et en même temps on voit chaque jour des journaux, des émissions radio, télé où les femmes sont invisibles.

Propos recueillis par Princesse Lorita Simbou Kombila