Interview avec Karima Grant, directrice d’ImagiNation Afrika

le
Karima Grant, directrice du musée ImagiNation Afrika
Karima Grant, directrice du musée ImagiNation Afrika

     ImagiNation Afrika,  premier musée des enfants en Afrique noire

Pour contribuer au développement culturel des jeunes, ImagiNation Afrika compte présenter des expositions pour accentuer  la pensée  créative et critique chez les enfants. Pendant deux semaines, le musée Théodore Monod de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), à la place Soweto, accueille les enfants de  deux à  seize ans  dans ces expositions. Cette année, le thème choisi est « exposition interactive et éducative sur les migrations ». Karima Grant, directrice du musée ImagiNation Afrika explique les raisons de cette exposition.  Créé en 2010, ce musée en est à sa troisième édition.

 

 Ejicom infos : Pouvez-vous nous expliquer le concept ImagiNation Afrika ?

Karima Grant : C’est le premier musée des enfants d’Afrique noire créé en 2010. Dans ce musée nous développons des programmes, des activités et surtout des expositions qui ont pour but le développement de la culture et  de la pensée créatives et critiques dont ImagiNation Afrika est le producteur. Mais la grande partie du travail est l’œuvre des jeunes, c’est pourquoi nous l’avons intitulé  musée des enfants.  La conception de l’exposition a été faite par les élèves du lycée Birago Diop. Ils ont suivi une petite formation avec le commissaire de l’exposition, pour leur  montrer comment faire une exposition. Les élèves ont choisi tous les objets exposés. Les photos, les objets, la locomotive, les drapeaux entre autres sont le travail des enfants. Pour cette troisième édition,  nous allons discuter pendant deux semaines sur les migrations.

 E.I : Quelle est la mission d’ImagiNation Afrika ?

K.G : La mission d’ImagiNation Afrika est de contribuer à l’éducation des jeunes, de susciter l’imagination et l’apprentissage pour la diffusion d’une culture de la pensée critique. L’équipe d’ImagiNation Afrika offre également une combinaison dynamique de compétence et d’expérience dans les arts, le renforcement de l’éducation, la recherche, l’évaluation et la gestion du projet. Pour cette édition, nous travaillons avec le musée de Brooklyn sur le thème  de la migration. Ce programme a  été rendu possible grâce aux financements du département d’Etat américain précisément le bureau de l’éducation et de la culture.

E.I : Envisagez-vous de présenter vos expositions dans  les autres régions du Sénégal ?

K.G : Pour l’instant nous sommes à Dakar, mais nous envisageons d’amener cette exposition hors de la capitale. On a des partenaires qui ont décidé de l’amener dans d’autres régions.

E.I : Quels sont les partenaires qui vous accompagnent dans votre projet ?

K.G : Nous avons collaboré avec l’Empire des enfants et le lycée d’excellence privé Birago Diop dans le cadre de ce projet. Les jeunes de 16 ans ont mené une étude multidisciplinaire sur l’impact des migrations dans la société. A travers ce projet, les élèves ont acquis des compétences multimédia, des techniques d’utilisation des réseaux sociaux, des compétences en collecte participative de données. Ils ont également effectué des voyages d’études à Thiès et à Dakar pour prendre des photos et tourner des vidéos dans les endroits où des migrants maliens se sont installés. Ensuite les élèves ont participé à la conception de l’exposition  finale « itinéraire : Next Stop Brooklyn/ Dakar via Bamako ».

E.I : Pourquoi avez-vous choisi le thème « exposition interactive et éducative sur les migrations » ?

K.G : Nous voulons montrer à travers ce thème que  toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. Par exemple, cette année on a choisi  les migrants maliens. Ce choix peut paraitre étonnant parce que la migration  ne se limite pas seulement au Mali. Mais c’est aussi une chose très symbolique vis-à-vis de l’histoire.

Cette exposition emmène donc à percevoir le monde autrement. Elle nous permet également de nous regarder nous-mêmes et de dépasser les frontières qui nous divisent. Voir c’est croire, mais croire aussi c’est voir. Voilà une autre perspective sur l’Afrique proposée par et pour les jeunes africains.

Propos recueillis par : Fatima KANE & Souleymane NDIAYE