Afrique : le difficile combat contre l’impunité

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L’impunité sévit toujours en Afrique malgré les sacrifices consentis par les citoyens. C’est le point de vue défendu par M. Mamadou Mbodj, coordonnateur du forum civil et membre du M23 Sénégal. Il s’exprimait à Dakar lors d’un colloque sur le thème « les relations entre l’Afrique et l’Europe aujourd’hui : néolibéralisme, paix et développement ».

 

« Il convient de constater que la justice, incarnée en institutions et en règles précises, fonctionne de manière asymétrique », a affirmé M. Mbodj. Cette justice est au service des plus riches, selon lui. « Au Sénégal, en Afrique et dans le monde, les injustices sont très grandes et flagrantes au risque de susciter encore et toujours des luttes contre l’impunité », déclare-t-il. Pour illustrer ses propos, il donne les exemples des bourreaux féroces de Sabra et Chatila, les assassins de milliers d’Irakiens, les tueurs du journaliste burkinabè  Norbert Zongo, du juge sénégalais Me Babacar Sèye, etc.

Dans un pays où les droits économiques et sociaux de la majorité se dégradent, « il parait difficile de mesurer les avancées de la justice », poursuit le coordonnateur du forum civil.

Des sacrifices importants ont été consentis par les citoyens africains à l’occasion de luttes héroïques contre l’impunité. Au Burkina Faso en octobre 2014 et au Sénégal en juin 2011, l’ambiance d’un renouveau démocratique a été matérialisée par une mobilisation citoyenne. Malgré tout, M. Mbodj reste circonspect quant au jugement affirmant des avancées dans la justice. « Cette mobilisation citoyenne s’est heurtée à un système politique monopolisé par une minorité de politiciens aliénés et englués dans une culture d’accaparement ».

Si la justice consiste à respecter les droits de chacun, lui pense que « sous nos tropiques, l’évolution des droits des citoyens suit une courbe erratique, dans un processus non cumulatif ». Et M. Mbodj de se demander de quel droit jouisse la majorité de la population au Sénégal et en Afrique lorsque les richesses sont accaparées par une minorité ?

Simbou K. Princesse Lorita